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Collectif de Lutte Antifasciste
27 juin 2014

Lettre ouverte à M. Arnaud Robinet

 

Monsieur le Maire,

Par ce courrier le monde associatif et syndical rémois souhaite vous exprimer son incompréhension face à la direction que prend votre début de mandat. Il est d’ores-et-déjà entaché d’initiatives qui font fi des valeurs de la République.

Dès le 1er conseil municipal, vous avez jugé bon de supprimer les délégations « lutte contre les discriminations » et « égalité femmes/hommes » au profit d’une délégation « sécurité ». Ces deux délégations avaient pourtant à leur bilan nombre d’actions concrètes renforçant le lien social, la justice et la démocratie. Elles étaient aussi le pilier sur lequel les associations citoyennes pouvaient s’appuyer au quotidien.

La parité, les droits des femmes et la lutte contre toutes formes de discrimination ne sont pas du luxe Monsieur Robinet, mais le devoir du premier magistrat de la ville. Ces luttes pour plus d’égalité et de respect des personnes sont les garantes de la démocratie et par là même d’une sécurité pour chacune et chacun.

Nous craignons également une confusion entre sécurité des RémoiSEs et politique sécuritaire.

Vous avez d’ores-et-déjà mis en place un « arrêté relatif aux mesures de tranquillité publique », qui n’est autre qu’un arrêté anti-mendicité qui ne dit pas son nom. Et on le comprend bien,  la mendicité n’étant plus un délit depuis 1994 Nous aurions préféré que vous choisissiez de vous attaquer à la pauvreté plutôt qu’aux pauvres, aux « marginaux », aux Roms et aux sans-papiers.

L’arrêté concerne les parcs et jardins publics, l’ensemble des places et 27 rues de la ville. Il y est interdit la «station assise au sol » ce qui a fait grandement réagir les RémoisES, dont certainEs se sont retrouvéEs le 31 mai dernier pour un sitting place d’Erlon. ChacunE s’accorde à dire qu’avant d’interdire aux gens de s’asseoir il faut les aider à tenir debout. 

Cet arrêté interdit également la consommation d’alcool (hors cafés, restaurants…) et le stationnement d’individus accompagnés de plus de 2 chiens même tenus en laisse. Si rien n’est indiqué en termes de sanction dans l’arrêté en lui-même, Xavier Albertini, votre adjoint chargé de la sécurité, du bien-vivre et de l’événementiel, précise son application dans le VRI de juin 2014 : « le non-respect de cet arrêté donne lieu à une contravention de première classe, soit 38€. De plus, le refus d’obtempérer à l’injonction de quitter les lieux pourra amener les policiers à placer les animaux dans un lieu de dépôt adapté ». Pour les personnes vivant dans la rue, leur chien représente un moyen de se défendre, il est un lien affectif (souvent le seul) et social. Leur retirer, c’est les fragiliser encore davantage. Mais, parlant de l’ensemble de l’arrêté, Monsieur Albertini promet « nous veillerons à son application la plus stricte ».

Dans ce même numéro de VRI, vous  rappelez votre promesse de campagne de doubler les effectifs de la police municipale et d’étendre à 150 les caméras de vidéosurveillance, malgré l’inefficacité et le coût dénoncé par de nombreuses études concluant que les caméras ne font que déplacer la criminalité. Nous ne voulons pas vivre dans une société ou même une ville qui nous considère touTEs comme suspectEs. Monsieur Albertini annonce pour objectif de « connecter toutes les caméras (police, tramway, Université, stade, communes de Reims Métropole volontaires) ». Comme dans beaucoup de villes, c’est une société à la Orwell que vous préparez. Or sans liberté, point de sécurité.

A ce tableau s’ajoutent d’autres nouvelles mesures municipales venant pénaliser les personnes en difficulté, notamment à travers la suppression de certaines aides sociales de solidarité du CCAS. Par exemple, les familles déboutées du droit d'asile ne risquent plus seulement de se retrouver à la rue, elles perdent de surcroît la prise en charge de la cantine à l'école pour leurs enfants, la carte de bus, une aide financière minimale...

Suite aux élections municipales, nous nous préparions à devoir mener un travail d’information et de vigilance face aux décisions prises par les 3 conseillerEs municipaux FN. Nous ne nous attendions pas à cette orientation politique d’un élu issu d’un parti républicain.

 

Premiers signataires :

AC ! Reims Emploi Solidarité, ATTAC Reims, Collectif de Lutte Antifasciste, Ligue des Droits de l’Homme de Reims, FSU Marne, SNU-Pôle Emploi-FSU Champagne-Ardenne…

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